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Un jour, j’ai arrêté de respirer

Avertissement : dans ce texte, les mots sont ceux de celui qui écrit, mais ce sont bien mes pensées que vous lisez, et ce message est pour mon papa qui se reconnaîtra.

 

Je m’appelle Lily, et je suis née le 4 mai 2020…oui, en plein confinement.

Et je ne suis pas née confit !

Alors que mon papa, lui, a un peu confiné dans le ventre de sa maman.

 

Tu as tout bien fait, préparé, anticipé, organisé pour ma naissance, et ce fut un moment merveilleux.

Quelques jours après, je dormais dans tes bras et j’ai essayé de respirer comme toi…à l’envers ! Car tu le sais bien que tu as du mal à respirer, à trouver ton souffle, comme ton papa qui étouffe tout le temps et ta maman qui fait de l’apnée du sommeil.

 

J’ai respiré comme toi et suis partie dans un monde où la vie n’a pas encore décidé le commencement ou la fin.

J’ai voyagé là où l’expérience d’une mort imminente se déroule au sein de la puissance de la vie.

 

J’ai arrêté de respirer.

 

C’était pour te faire voir que tu as fait, toi aussi, ce même voyage en naissant. Tu en gardes ces blessures dans tes yeux et tes émotions.

Et j’ai respiré à nouveau, j’ai crié comme au premier instant, pour te montrer le chemin du retour et de la réconciliation avec soi.

 

Prends-moi dans tes bras mon papa, comme si c’était toi, et embrassons ensemble cet espace où la vie devient respiration, et la respiration, joie de vivre.

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La fécondation, heure de vérité.

 

Cette publication a pour but d’informer sur la réalité des évènements de la fécondation et corriger ainsi les fausses informations, anciennes et machistes, encore présentes à notre mémoire.

 

L’œuf fécondé n’est pas la première étape de la vie car les cellules féminines et masculines (ovule et spermatozoïde) se préparent auparavant.

 

L’ovule et le spermatozoïde interagissent grâce à la polarisation de leurs systèmes fonctionnels. Cette polarisation s’observe en premier lieu avec leur propre vitesse de production, un ovule arrivant à maturation sur un ovaire tous les deux mois tandis que les testicules fabriquent 600 spermatozoïdes par secondes.

 

Ensuite, leur rencontre se produit du fait de systèmes qui s’opposent.

 

L’ovule est entouré d’un gel pellucide, il est large et sphérique, en suspension immobile et dynamique tout à la fois. Le spermatozoïde est fin, en déplacement linéaire permanent et actif, pauvre en cytoplasme et mitochondries.

 

Il faut oublier les images déviantes qui ont décrit cet instant avec un ovule passif se laissant transpercer et pénétrer par un spermatozoïde guerrier, survivant d’une colonie de frères courageux qui se sont sacrifiés pour lui, et devenant ainsi le vainqueur conquérant. Ces images ont pollué l’esprit des relations entre la femme et l’homme.

 

Les propriétés de ces deux cellules créent une polarité : la rencontre de l’ovule et des spermatozoïdes se fait en douceur, en puissance et en beauté.

 

L’ovule est comme en suspension dans un espace liquidien et les spermatozoïdes se rassemblent autour de lui, dessinant ainsi une représentation solaire. Lorsque les cellules mâles sont au contact, il se produit le début d’un mouvement de rotation de l’ensemble. Ce mouvement ressemble à une révolution planétaire et lui permet de cheminer vers la paroi de l’utérus où l’œuf s’implantera.

Ces moments sont accompagnés d’un nouveau phénomène de polarisation de l’ensemble qui permet à un des spermatozoïdes d’être capté par l’ovule.

 

Aucun des protagonistes ne sait à l’avance à quel endroit une porte d’entrée va s’ouvrir. Son ouverture est la fécondation, instant sacré où l’espace s’emplit du souffle de vie.

 

Sources :

  • Jouhaud Patrick – Embryologie et Ostéopathie – enseignement embryosteo©
  • Bleschmidt Erich – Comment commence la vie humaine– Ed Sully – 2011
  • Van Der Waal Jaap – L’Homme, embryon entre ciel et terre– Ed Sully 2018

 

 

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Confinement

Le rapport au temps modifié, les informations affluant de toutes part, jettent le trouble dans nos esprits. L’attention s’en trouve décalée et les voleurs de temps pénètrent notre intime pour la centrer sur une pandémie générant souffrance et peur extrême dans notre corps et à la surface de notre mental.

 

Cette pandémie virale est une adversité collective. Elle nous impose de perdre notre vie dans les émotions générées par nos inquiétudes, et subir ainsi l’intempérie.

Mais nous sommes libres et nous avons aussi le choix de profiter de ce temps précieux pour apprendre à ouvrir notre conscience grâce au coronavirus.

Nous sommes brutalement extraits de notre zone de confort et nous n’avons plus tout à coup aucune sortie cinéma ou restaurant, week-end ou projets de vacances, ou simplement rencontres familiales…

Cela inquiète. Cela fait peur.

 

Ce virus est un obstacle à nos habitudes. Il peut être vécu comme dévastateur si nous perdons les fondations de la vie.

Pourrions-nous essayer de le considérer autrement et recaler notre attention sur la dynamique du vivant ?

 

Nous y avons un ancrage, immobile et dynamique à la fois : la respiration, force créatrice de notre vie.

Ce virus nous invite à sentir au plus profond de nous la puissance de cette force, la stabilité des fondations inébranlables de notre corps.

 

Méditer en conscience ce mouvement immobile nous entraîne vers sa dimension profonde et nous invite à réduire l’activité mentale, à comprendre nos inquiétudes, à chasser les voleurs de temps, à être simplement conscient du présent qui respire, et voyager là où souffrance et peur n’existent plus.

 

Aujourd’hui, nous ne pouvons rien faire par rapport à l’extérieur, si ce n’est respecter les précautions recommandées et quelques actions d’aide lorsque cela est possible.

A l’intérieur de nous, se présente l’opportunité d’une forme de retraite en quête de nos fondations profondes, de la source de notre vie.

 

En dehors de notre zone de confort, la puissance de l’égo nous entraîne dans la peur en imaginant à chaque instant ce qui pourrait arriver, celle de l’esprit nous plonge dans un océan de conscience, à la rencontre de nous-même.

 

En ce sens l’agresseur de nos poumons est aussi révélateur du siège de la force de vie dans nos corps.

 

Être conscient de notre respiration, de notre corps vivant, en sentir l’énergie, l’état de vie, les perceptions sensorielles, est force et intention d’une présence à soi.

Dans ce lieu, il n’y a rien à craindre, juste respirer sans agir, et envisager un futur où l’esprit va se réjouir de ce qu’il a trouvé.

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Le vieil homme et la vie

Vous avez 85 ans

Et présentez à la consultation un corps douloureux, riche d’une vie comme un gréement ayant navigué par tous les temps.

Douleurs lombaires, cervicales, genoux, … arthrose, et vous évoquez tout cela, ainsi que tous les traitements déjà faits.

« je ne sais pas ce que vous pourrez faire pour moi », dites-vous, « mais j’essaye »…, et rajoutez après un temps de silence, « je suis venu parce qu’un ami m’a dit que ça me ferait du bien… »

Cette phrase crée un basculement, un silence immobile infuse la pièce. L’espace s’agrandit.

 

Diagnostic, traitements, gestes de routine s’enchaînent. Il faut à tout le moins, vous soulager.

Par surprise et de façon soudaine, le silence immobile de la pièce envahit votre corps qui devient alors un écran sur lequel défilent quelques images : une fermette, une vie de misère sans joie, une souffrance familiale, un autoritarisme subi, brûlant…, un enfant réfugié, caché au grenier de cette fermette.

Des mots spontanés délivrent en conscience un message d’il y a 80 ans, et cet enfant de 5 ans, revient dans votre aujourd’hui.

Votre corps s’anime, respire différemment, le cœur accélère ses battements et vos yeux brillent de larmes longtemps contenues.

 

En vous relevant, votre corps est droit, alerte. Votre cœur s’ouvre et la vie se glisse dans chacune de vos cellules.

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Quand les gestes deviennent des mots

C’est un lumbago persistant, lancinant. Son bassin est bloqué, une entorse de L5 et le diaphragme en extension n’actionne plus le mécanisme de pompe vers le périnée.

Il a mal et présente un visage fermé, triste, gris.

Il dit : « c’est à cause de ma voiture trop basse, le voyage trop long, la tonte de la pelouse en rentrant, le déménagement à venir, le chakra de la peur… ! »

 

Oui, il faut traiter cette douleur et libérer les tensions tissulaires, l’aider à respirer et le délivrer de ses idées prétextes sans les remplacer par de nouvelles.

Alors, l’idée vient que ce lumbago signifie un changement, et la récupération de quelque chose de perdu.

Des mots neutres et ouverts accompagnent les gestes.

 

Son visage s’éclaire, ses yeux brillent, un sourire l’illumine.

Il n’a plus mal

Il parle de sa transformation et de ses projets.

 

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Carnet de consultation en néo-natologie

Un bébé à l’hôpital Calmette, né hier.

 

Salut petite fille

Je ne sais plus ton nom et cependant ton corps est dans mes mains,

Une sensation précise, aigüe, percutante

Celle de ta souffrance.

Ta naissance, césarienne en urgence car toxémie gravidique de ta maman.

Maman est dans le coma

 

Ton corps hypotonique ne révèle aucune détresse vitale, aucune anomalie tissulaire ou mécanique, aucun trouble neurologique.

 

Ton immobilité

Ton silence

Ton regard ailleurs

Parlent pour toi.

 

Tu as peur

Tu es inquiète car ta maman est peut-être morte et tu n’as pas nouvelles.

 

Autour de toi, des professionnels de santé sont ici pour apprendre l’ostéopathie, et découvrent que les mains perçoivent les émotions.

Ils découvrent qu’un bébé peut souffrir dans son corps et dans son âme, qu’un bébé voit tout, sent tout, entend tout !

 

A ma demande, le Dr V téléphone dans le service de réanimation où est ta maman, prends des nouvelles et te rapporte cela au creux de l’oreille.

 

Tu deviens attentive

Tourne ta tête vers le Dr V

Tu la regardes

 

Je vois ton corps s’apaiser

On soigne maman, elle va revenir.

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Savoir déplier l’espace et remonter le temps

Salut mon p’tit Lou

T’es tout chose quand tu viens me voir

Perdu dans tes 9 ans

Incapable de faire du vélo,

La risée de tes copains au foot

Nul en sport quoi !

 

Comme si ton espace était sans repère.

 

Oui, tu as les muscles en arrière de tes jambes en tension

Oui, ton nerf sciatique est coincé

Oui, ton diaphragme est bloqué derrière

Oui, ta tête est dure car les membranes sont spasmées.

 

Tu traînes avec toi une cohorte de diagnostic de « dys »…

Mais alors, que s’est-il passé ?

Que t’est-il arrivé ?

 

Tu es né deux semaines en avance par césarienne car en siège.

Tu étais dans un milieu sec (oligoamnios).

La poche sans eau parce que fissurée trop tôt et avec un hématome placentaire était devenue un danger pour toi et pour ta maman.

 

Alors, tu t’es accroché, tendu, arc-bouté, placé en siège pour vivre quoiqu’il arrive.

Tu as gardé cette position comme axe de vie et unique solution pour vivre.

Ton corps a grandi en s’accrochant à cette mémoire de forme.

Comme cela, tu vis, ta maman aussi !

Si tu te penches un peu…c’est fini !

 

Plus tard, en grandissant, tu as marché à 21 mois sans avoir fait de quatre-pattes.

Enfin si, dit ton papa, tu as fait un quatre-pattes sur les fesses.

Et tu me montres ce déplacement sur les fesses avec appui arrière sur tes mains et avant sur tes pieds…

En fait, je réalise que tu as fait un quatre-pattes « retourné », et qu’aujourd’hui tous tes gestes sont construits dans un espace inversé.

Bref, tu vis dans un monde où tes repères d’être en vie sont à l’envers.

 

Alors, nous prenons ensemble conscience du chemin à faire avec ton corps pour retourner l’espace et monter sur un vélo sans tomber, jouer au foot avec tes copains, et pouvoir te pencher en avant sans avoir une sensation de mort imminente.

Ensemble, nous allons déplier ton espace, et petit à petit transformer tes étiquettes de « dys » afin de guérir à travers le temps.

Le mouvement de croissance pourra dès lors se réorganiser.

 

 

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C’est l’histoire d’une sciatique guérisseuse…

 

Cyril, 35 ans, gynécologue, souffre d’une sciatique gauche depuis environ deux mois.

Le trajet douloureux est grosso modo celui de L5. Il n’y a aucun signe neurologique.

Les examens complémentaires sont normaux.

Les traitements médicamenteux sont inefficaces.

 

Le diagnostic ostéopathique lui permet de prendre conscience des différences de sensation dans son corps, et notamment d’une inertie du bassin comme suspendu sous le thorax, le reste du corps étant libre.

 

Cette sensation est confirmée par le toucher ostéopathique qui ajoute la perception d’une densité particulière au niveau de la trame osseuse du sacrum.

 

Le traitement commence et le travail se focalise immédiatement vers le sacrum, jusqu’à ce que Cyril évoque un traumatisme physique à 7 ans, celui d’une chute à califourchon sur un portail qu’il était en train de franchir malgré l’interdiction de ses parents.

Cette interdiction fut alors inductrice du non-dit de cet accident et du silence imposé sur cette douleur.

 

Les tissus locaux deviennent rapidement libres et respirent.

Pourtant, lorsque mes mains se placent au contact de la tête, le lien du corps ne se fait pas et la zone périnéale devient une zone de fuite, comme un puit sans fond.

… un non-dit…

 

C’est alors que les bulles du passé viennent éclater à la surface du présent.

Elles éclairent l’esprit de Cyril dont le corps commence à respirer librement en ouvrant les retenues d’un souvenir insupportable, celui d’attouchements et agressions sexuelles à 4 ans.

Il comprend, il voit tout, y compris le pourquoi de son métier et la raison de ses douleurs.

 

En lisant cette histoire à travers les tissus du corps, je peux dire que cette sciatique est une fissure dans un corps en défense.

L’enfant n’a pu confier sa souffrance, et, lors de sa maturation neurologique à 7 ans, a trouvé le moyen de créer un bouclier de protection par l’intermédiaire de cette chute au décours d’un geste interdit.

 

Cela veut dire qu’un symptôme doit ouvrir nos mains de thérapeutes bien au-delà de la zone en souffrance. Cela veut dire qu’il faut quitter les concepts de restriction, de lésion ou dysfonction et utiliser le diagnostic ostéopathique aux fins de reconnaître les différentes sensations exprimées par le corps et l’esprit de nos patients.

Cela implique de leur donner de l’espace ainsi qu’une dimension anamnestique, et accorder autant d’importance à chacune des informations perçues.

 

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Une histoire à l’envers…

 …car la consultation se déroule à la fin de l’histoire.

Il est arrivé dans le ventre en même temps que sa sœur et sa vie d’embryon a débuté dans le cocon de l’endomètre utérin.

Il a su qu’elle n’était pas là et ne viendrait pas.

Sans attendre il a choisi son chemin pour vivre.

A cinq semaines de grossesse, maman a vécu l’angoisse et la douleur d’une grossesse extra-utérine.

Et lui, s’est tapis dans le secret de la paroi utérine tandis que sa sœur quittait le chemin et que sa mère, sous anesthésie générale, avait disparue.

Il a vrillé son placenta pour s’accrocher mieux…et, le « miraculé », est arrivé au terme.

Seul le placenta n’a pas suivi. Il a fallu le délivrer par un geste chirurgical afin d’éviter une hémorragie fatale.

 

Il est vivant, entouré, conscient de ce à travers quoi il est passé.

Il intègre les inquiétudes de maman, avec celles de papa.

Il décide de grandir vite, d’être un grand et sérieux garçon dès à présent.

Il sent qu’ils ont besoin d’aide.

Il ne dort plus.

Voici le symptôme prétexte à la consultation ostéopathique.

Il ne dort plus parce qu’il veille et protège ses parents.

Il veut porter pour soulager, capter pour transmuter, leur deuil, leur inquiétude, cette expérience douloureuse.

 

C’est au prix de son enfance sans jeu qu’il entretient sa blessure d’embryon.

 

Et c’est dans cet instant que l’ostéopathe doit connaître la conscience du geste et celle de l’intention, sans jugement ni à priori.

Il doit trouver un état d’observateur et de neutralité pour comprendre les mouvements, les formes, la qualité vitale, qui s’ouvrent sous la main.

Il doit être lucide, chercher la cause, et trouver le processus thérapeutique qui guérit.

Dr Patrick Jouhaud.

 

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