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Carnet de consultation en néo-natologie

Un bébé à l’hôpital Calmette, né hier.

 

Salut petite fille

Je ne sais plus ton nom et cependant ton corps est dans mes mains,

Une sensation précise, aigüe, percutante

Celle de ta souffrance.

Ta naissance, césarienne en urgence car toxémie gravidique de ta maman.

Maman est dans le coma

 

Ton corps hypotonique ne révèle aucune détresse vitale, aucune anomalie tissulaire ou mécanique, aucun trouble neurologique.

 

Ton immobilité

Ton silence

Ton regard ailleurs

Parlent pour toi.

 

Tu as peur

Tu es inquiète car ta maman est peut-être morte et tu n’as pas nouvelles.

 

Autour de toi, des professionnels de santé sont ici pour apprendre l’ostéopathie, et découvrent que les mains perçoivent les émotions.

Ils découvrent qu’un bébé peut souffrir dans son corps et dans son âme, qu’un bébé voit tout, sent tout, entend tout !

 

A ma demande, le Dr V téléphone dans le service de réanimation où est ta maman, prends des nouvelles et te rapporte cela au creux de l’oreille.

 

Tu deviens attentive

Tourne ta tête vers le Dr V

Tu la regardes

 

Je vois ton corps s’apaiser

On soigne maman, elle va revenir.

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Les plagiocéphalies du jeune enfant

 

Cet article a pour but de définir la plagiocéphalie de l’enfant ainsi que ses origines.

Il en découle un processus thérapeutique ostéopathique.

 

La définition de la plagiocéphalie vient de l’association de deux mots grecs « plagio » qui veut dire oblique, et « kephale » qui veut dire tête.

Il s’agit donc d’un crâne asymétrique subissant un aplatissement unilatéral sur sa partie antérieure ou sur sa partie postérieure.

 

Pour ce qui concerne les étiologies organiques il faut écarter la crâniosténose. C’est une fermeture ante natale d’une ou de plusieurs sutures crâniennes. La crâniosténose correspond vraisemblablement à une maladie des sutures et n’est pas du domaine des plagiocéphalies ostéopathiques.

Les étiologies qui concernent l’ostéopathie sont en majorité postérieures. Elles ont une origine positionnelle intra utérine et posturale.

 

 

De fait le crâne doit pouvoir se déformer puisqu’à la naissance les os du crâne de l’enfant sont tous disjoints et de nombreuses fontanelles en émaillent le pourtour.

 

Les déformations dont l’origine est ante natale sont les plus importantes et les plus difficiles à soigner. Elles ne sont pas toujours perceptibles ni visibles à la naissance et se développent rapidement dans les premières semaines de la vie du nourrisson.

 

Elles sont différentes des déformations per natales qui se produisent pendant l’accouchement. Celles-ci pourront être corrigées par un seul traitement ostéopathique.

 

Lorsqu’elles sont d’origine per natales, elles sont provoquées par les circonstances de l’accouchement qu’il soit long, difficile, qu’il soit entravé par un problème de bassin de la maman …  Bref, quelles que soient les circonstances de la naissance, quelles que soient les présentations de tête de l’enfant par occiput antérieur ou postérieur, frontal ou de face, par l’utilisation d’instruments aidant à l’extraction et limitant la souffrance de l’enfant, ces déformations per natales sont toujours visibles à la naissance, souvent accompagnées d’une souffrance immédiate et relèvent d’un traitement ostéopathique immédiatement efficace.

 

Les déformations les plus complexes apparaissent après la naissance. Elles sont la plupart du temps d’origine ante natale, conséquence d’un conflit d’espace, soit par rapport à une multiparité, soit par rapport à des présentations à caractère dystocique.

 

Elles sont majeures, car en augmentation de fréquence considérable dans nos sociétés occidentales. Elles sont révélées par le décubitus dorsal systématique lié à la prévention des morts subites inopinées des nourrissons.

 

 

Elles ne se corrigent pas spontanément et sont toujours du ressort d’un traitement manuel.

 

Le crâne est normal à la naissance ou bien il est déformé par une contrainte. Ces situations sont plus fréquentes chez les garçons que chez les filles et plus fréquentes sur le côté droit que sur le côté gauche ; elles sont favorisées par un torticolis de naissance ou un latérocolis.

 

Elles sont observées si un méplat est présent sur un des deux côtés de l’occiput et si une obliquité est constatée dans l’axe frontal des oreilles. Les plus importantes se manifestent avec une incidence sur la face provoquant une scoliose du visage ainsi qu’une bosse frontale.

 

Le diagnostic différentiel reste la synostose lambdoïde, rare, visible dès la naissance et qui s’exprime par un aplatissement aigu de l’occiput.

 

Pour ce qui concerne les traitements, il faut noter pour mémoire la possibilité d’utiliser des orthèses crâniennes, traitement qui est contraignant, peu efficace et onéreux.

 

Le traitement manuel doit toujours être accompagné de consignes posturales précoces données aux parents : coucher l’enfant en décubitus ¾ opposé à la déformation, le stimuler de façon à ce qu’il tourne toujours sa tête vers son côté difficile, l’alimenter par une approche bilatérale et lui autoriser une position en décubitus ventral au-delà de l’âge de 6 mois.

 

La prise en charge ostéopathique est caractérisée par un modelage de la dure-mère crânienne et une libération de toutes les tensions des bandelettes durales ayant subi le moulage intra-utérin.

 

Toutes les sutures crâniennes sont ainsi déverrouillées.

Le sphénoïde et l’articulation entre l’occiput et le sphénoïde sont également libérés.

 

Il faut, en outre, tenir compte des contraintes périphériques provoquées par celles de la vie fœtale et considérer l’enfant dans sa globalité par rapport à sa posture.

Le latérocolis, voire le torticolis, et donc la déformation crânienne, pourra être provoqué par des contraintes de bassin, d’abdomen ou de thorax.

 

 

Par conséquent, la prise en charge ostéopathique sera toujours globale avec un traitement tissulaire associé parfois à un traitement de relâchement myofascial. Ces traitements s’adressent à l’ensemble du corps du nouveau-né. Techniquement, il s’agit d’une approche manuelle avec une main sous la tête, une main sous le bassin, reproduisant le core-link dans l’élaboration d’un processus thérapeutique synchronisant le lien entre l’occiput et le sacrum.

 

 

 

 

La pression des mains doit toujours être adaptée si tant est qu’il doit y avoir pression des mains.

Une direction sera donnée par l’information tissulaire et la connaissance anatomique de l’enfant ; cette direction devra être suivie.

 

Egalement, la vitesse avec laquelle les tissus de l’enfant informent de la direction à suivre, doit être respectée. Les mains doivent suivre et respecter les arrêts des mouvements ainsi que les reprises.

Il faut être prêt à tout changement de rythme et de direction.

 

La règle est de savoir faire plus, de savoir faire moins, et de savoir attendre.

 

En conclusion, la prise en charge ostéopathique des plagiocéphalies du jeune enfant est préventive pour le devenir du visage de l’enfant ainsi que celui de sa posture. Il est indispensable d’avoir comme objectif de supprimer la présence d’une scoliose du visage. L’enjeu est de prévenir la survenue d’une scoliose de l’adolescent.

 

Lorsqu’il s’agit des plagiocéphalies d’origine ante natale il est important de donner trois ou quatre traitements par an pendant les deux premières années si cela s’avère nécessaire. La répétition des traitements s’explique par l’accompagnement de la croissance rapide du crâne entre la naissance et 2 ans.

 

Le pronostic est excellent avec un résultat esthétique et fonctionnel parfait surtout si la prise en charge est faite avant l’âge de 6 mois.

Au-delà de 2 ans le traitement devient difficile et nécessite d’accompagner l’enfant pendant toute sa croissance.

Dr Patrick JOUHAUD

 

 

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Bébé d’Ostéopathe…

 

L’ainé, porteur de mémoire familiale.

 

Pierre a 6 ans…

Il se laisse porter par la vie. Son corps est fermé, petit, presque effacé…un chaton effarouché, méfiant.

Maman et Mamie l’accompagnent.

Elles disent : il a peur de tout, est très craintif de chaque chose de la vie, dissipé à l’école, il répond et ses mots sont plutôt agressifs, fait souvent de violentes colères, ne mange rien.

J’entend : il n’aime pas l’imprévu, les changements, très doué à l’école pour ne pas s’y ennuyer, est porteur d’une émotion trop lourde pour lui.

Maman évoque une grossesse de rêve, un accouchement long et difficile, puis un lien d’opposition permanente avec son fils. Elle compare avec son second, 3 ans, avec lequel elle entretient un lien fusionnel et qui lui fait beaucoup de câlins…sous entendu, ce qui n’est pas le cas de Pierre !

L’ange de la jalousie passe.

Mamie enfonce le clou, et l’espace se referme.

Pierre est sur ma table. Mes mains se posent sur lui. Elles sont aimantées immédiatement vers son ombilic. Une densité tissulaire autour du nombril et dans le ventre donne la sensation d’un volume empâté. Le cordon ombilical n’est donc toujours pas coupé.

Lorsque je pose la question à Maman de l’état du placenta et des conditions de la délivrance après la naissance de Pierre, elle évoque une difficulté et le fait que quelques éléments de ce placenta encore présents dans la paroi utérine ont nécessité une petite intervention gynécologique huit jours après.

Pour la première fois, elle est déstabilisée, une émotion passe dans son regard.

A ce stade, on peut dire qu’un cordon ombilical virtuel fonctionne entre la mère et son fils et entretient un lien fusionnel conflictuel. Le conflit est dans les émotions, il est aussi alimentaire, il interdit le toucher, les caresses et les câlins.

Mes mains travaillent sur le ventre de Pierre, touchent ce cordon virtuel, et entreprennent un traitement de démêlage tissulaire.

C’est pendant cette phase thérapeutique que la lumière va dissiper les ombres des non dits et dénis. Maman dit qu’elle est une enfant adoptée. Mamie raconte l’abandon du bébé par la maman biologique chez des gens âgés qui l’ont élevée jusqu’à 5 ans.

Sa déstabilisation est totale. Elle s’effondre en larmes. L’abcès du sentiment d’abandon est percé. Cette peur d’être abandonné est portée par son fils depuis la conception et jamais jusqu’alors ce passé n’avait été évoqué.

Les tissus du ventre de Pierre se détendent enfin. L’attachement entretenu par un cordon ombilical virtuel est dénoué tandis qu’un vrai lien s’ouvre.

C’est le début d’une grande histoire pour lui.

 

 

 

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la course à l’inquiétude

Histoire de bébé…

Paula, 2 mois, ne dort pas, et surtout ne dort plus depuis un mois. La nuit comme la journée, les seuls instants de sommeil sont dans le porte-bébé, au contact de sa maman.

L’examen médical ainsi que les tests ostéopathiques ne montrent rien de particulier en rapport avec une souffrance. Tout au plus, mes mains perçoivent une tension de toute la zone du diaphragme.

A mon invitation, Madame Maman raconte l’histoire de son accouchement : le dernier jour du terme, une poussée d’hypertension, la décision de déclencher la naissance, l’immobilité du bébé qui ne veux pas descendre, la ralentissement des battements de son cœur, enfin, la césarienne en urgence….toutes ces paroles traversent un torrent de larmes et un mur d’émotions rentrées…et puis vient la peur par rapport à la cicatrice et une autre chirurgie plus ancienne…et encore le souvenir douloureux de deux fausses couches précédentes, les angoisses pendant la gestation de Paula…

Paula boit de ses yeux les mots de Maman, pleure avec elle, me regarde, sourit à mes paroles apaisantes, retourne ce sourire vers Maman.

La tension perçue par mes mains sur son plexus est celle des « boules à l’estomac » provoquées par la peur. Elle s’apaise au fur et à mesure du déroulement de l’histoire racontée. Paula comprends, entends le pourquoi des angoisses de sa maman.

De fait, Paula ne dort pas parce qu’elle s’inquiète pour sa maman ; si elle ne la voit pas de quelques instants, elle l’appelle uniquement pour voir son visage et être rassurée…et cela ne suffit pas car ce visage se présente avec les rides et les yeux de l’angoisse. A peine calmée, Paula s’interroge et veux à nouveau savoir, impossible de s’endormir !

Ainsi, Madame Maman, si votre enfant ne dort pas, montrez lui d’abord votre visage apaisé, souriant, donnez-lui une voix douce et calme, et après, après seulement, vous lui demanderez ce qui ne va pas, vous pourrez le prendre dans vos bras et aurez le geste sûr et juste.

 

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Intention

Un peu de philosophie …à propos de l’intention…

Toucher est un geste délicat, non dénué d’innocence, qui met en lien deux êtres communiquant dès lors, avec leur inconscient. Un de mes enseignants exprime l’idée qu’il y a là, rencontre d’agrégats de cellules inconscientes.

Cela se comprend, mais je préfère garder une unité psychocorporelle qui fait que cette rencontre est à la fois, consciente et inconsciente, quelles qu’en soient leurs proportions, et, qu’elle est provoquée par une intention. Dans mon métier, celle de soigner et d’être soigné.

La main, dans cette action de toucher, est l’émettrice de ce qui se passe dans la tête de celui qui touche. Le receveur devient alors soumis à cette émission.

Qu’y a-t-il dans les pensées du toucheur ? Qu’y a-t-il dans celles du touché ?

Une part de la réponse est dans le mot « intention ». Avoir une intention en touchant implique vouloir faire, et sous-tend l’idée de modifier en fonction de sa pensée. La réalité en ostéopathie est que l’intention ne doit pas être celle du thérapeute mais celle du corps soigné.

Plusieurs traitements ces jours derniers avec des bébés m’ont conforté dans cette idée. Leur corps entre mes mains se positionne pour me montrer où et comment se présente leur problème. Le corps sait alors ce dont il a besoin pour se repositionner correctement, et se libérer de tensions douloureuses, voire, faire un chemin inachevé avant ou pendant la naissance comme se retourner par exemple. Là est l’intention du touché.

Il suffit simplement de le guider avec des mots, des encouragements, un accompagnement du geste.

La pensée, et donc la main du toucheur, est alors présente et attentive, dénuée d’intention.

Elle sera thérapeutique en se soumettant à l’intention du touché.

 

 

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Qu’est-ce qu’un enfant ? (suite)

 

 

Il y a environ 18 mois, j’écrivais sur ce blog un article répondant à la question, « Qu’est-ce qu’un enfant ? »

Un enfant est transparent et innocent.

Aujourd’hui, j’ajoute qu’un enfant peut aussi être opaque et se sentir coupable d’être né.

L’enfant nait avec le poids de sa culture, de l’histoire de son pays, de sa situation géographique, du contexte politique et social, de l’amour ou du désamour.

Il se construit ainsi dans le ventre maternel.

C’est un enfant blessé s’il a perdu son innocence et sa transparence.

Se pose ici la question de sa guérison, celle que l’on cherche dans l’élan d’une force sans contrainte, celle qui transforme et cicatrise les blessures.

Cette force se trouve toujours en amont du courant de la vie.

Je propose trois naissances à la vie : la troisième est celle de la sortie du ventre maternel (accouchement), la seconde, celle de son entrée dans ce ventre (conception). La première se fait dans l’espace-temps crée par l’heure de la rencontre parentale.

C’est au travers de ces trois naissances que se trouve la force de guérison qui réveille la capacité inhérente à guérir présente en chacun d’entre nous.

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Bébé d’Ostéopathe : la culpabilité parentale

 

Léana, 7 jours, vient au cabinet avec ses parents, car elle a beaucoup de coliques et dort très peu.

Elle est née par césarienne programmée du fait d’une présentation en siège. Ce geste est couramment pratiqué par les obstétriciens car il permet d’éviter les risques liés à une naissance avec présentation dystocique du bébé.

Remarque : Une césarienne est une intervention chirurgicale visant à extraire un enfant de l’utérus maternel par incision de la paroi utérine. Le mot « césarienne » dérive du latin caesar qui veut dire enfant né par incision, (du verbe caedere : couper, inciser) d’où viendrait le surnom porté par Jules César (qu’il a hérité d’un de ses ancêtres qui, lui, serait né par césarienne).

La position en siège du fœtus ferme son bassin et son ventre, crée une contrainte sur les intestins et l’estomac qui parfois est refoulé vers le haut, responsable alors d’un reflux gastro-œsophagien. Outre les difficultés digestives, l’enfant peut avoir une pathologie de hanches et se présente toujours en flexion antérieure (penché en avant).

Dans le cas présent, le traitement ostéopathique « démêle » les contraintes tissulaires. Léana se redresse et commence à prendre appuis sur son diaphragme.

Cependant, les questions des parents se font pressantes : « elle n’a pas choisi le moment de sa naissance », « elle n’est pas née normalement », « il lui manque quelque chose de ne pas être passée par les voies naturelles » (sous-entendu, elle n’a pas souffert et ça va lui manquer !)…, « elle s’endort en prenant son repas »….

A ces mots, l’ambiance devient tendue et lourde. Madame Culpabilité fait son entrée, accompagnée de Mr Remord tandis que la Star Colère et ses fans du club des Agacés préparent leur fanfare !

Léana se referme et j’ai la sensation qu’elle se raccroche dans le ventre maternel (d’ailleurs à cet instant, maman touche sa cicatrice qui lui fait mal et papa se gratte la tête !).

Je lis dans son regard et perçoit dans mes mains un appel : « aide-les ! », tandis que le corps de Léana se tourne vers ses Parents, comme pour leur parler.

Le dialogue est de dire que, quelles que soient les circonstances, l’enfant choisit toujours sa date de naissance, l’équipe obstétricale prend toujours les bonnes décisions au bon moment dans le but de protéger la vie de la mère et de l’enfant ainsi que de limiter la souffrance. Les mots atténuent les maux inconscients générés par la souffrance biblique de l’enfantement, etc., etc……

Un dialogue du cœur s’installe.

J’ai l’impression de faire renaître Léana dans la détente et le sourire. Maman n’a plus mal au ventre, Papa ne se prend plus la tête et même plaisante… un ange passe… et Léana, jusqu’alors en position verticale entre mes mains, en profite pour se pencher sur un côté, prend appuis sur son diaphragme, et utilise le contact de mes mains pour effectuer le retournement qu’elle n’a pas fait avant l’accouchement !

Un échange de regard entre nous tous délivre la fin du traitement.

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Les réflexes primitifs

 

 

Lors de sa naissance, l’enfant quitte le milieu confortable et protecteur de l’utérus maternel pour pénétrer dans un monde où il se trouve assailli par une quantité inhabituelle de stimuli.

Il ne peut interpréter immédiatement toutes ces informations, et doit réagir selon leur intensité et leur soudaineté.

Il vient d’un monde stabilisé pour pénétrer dans un monde chaotique. Le froid et la chaleur ont remplacé la douceur, l’alimentation automatique n’est plus disponible, il ne bénéficie plus de l’oxygène maternel.

Il doit apprendre à chercher et trouver de quoi assouvir ses propres besoins.

Pour ce faire, il est équipé d’un « set » de réflexes primitifs ou archaïques. Ils sont automatiques, stéréotypés, sous la commande directe du cerveau et sans participation corticale.

Ces réflexes primitifs sont essentiels à la survie du bébé pendant ses premières semaines de vie ; ils constituent en outre un entraînement à l’acquisition ultérieure de nombreux savoir-faire.

Cependant, leur durée est limitée dans le temps ; ils sont inhibés ou contrôlés par les centres supérieurs du cerveau qui permettent à l’enfant une évolution vers une structuration neurologique et motrice complexe et sophistiquée.

Cette structuration met en place un système neuromusculaire d’adaptation à la pesanteur, que l’on appelle posture. Ce système correspond à l’activité musculaire tonique.

 

 

 

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Stress et sentiment d’abandon.

Les situations de stress d’un enfant prennent parfois des dimensions dramatiques, c’est le cas de Rémi, 2 ans. Il vient à ma consultation accompagné par ses parents adoptifs.

 

Nous n’avons aucun renseignement sur la naissance ainsi que sur les parents biologiques de Rémi.

Simplement cet enfant décline sa vie de colères en colères et refuse de manger. Il prend donc peu de poids et son développement commence à accuser un certain retard.

 

Son bilan médical et biologique est normal.

 

De façon surprenante pour un enfant de 2 ans, Rémi s’allonge docilement sur la table et se laisse examiner, docilement, et même passivement !

C’est comme si rien ne l’intéresse. Je crois pouvoir commencer un traitement ostéopathique et rien ne se produit pendant un long moment : aucune sensation de blocage, aucun diagnostic de restriction, aucune tension.

 

J’ai toujours retrouvé ce paradoxe chez les enfants abandonnés.

 

Au premier contact, l’enfant ne montre rien si ce n’est son indifférence.

 

J’ai vécu ce paradoxe en traitant les enfants d’un orphelinat au Cambodge. Nous étions trois ostéopathes à travailler, et, à la fin de la première journée de consultation, nous avions tous les trois des bilans ostéopathiques quasi normaux et satisfaisants.

Les enfants défilaient sous nos mains avec un sourire et de grands yeux tristes, nous remerciaient et repartaient.

J’ai décidé alors de reprendre le travail en centrant notre attention uniquement sur les zones émotionnelles du corps.

 

Ce fût une énorme surprise : immédiatement la sensation d’un volume sans forme organisée, avec la consistance d’une pierre (tombale ?), venait entre les mains.

Dans le même instant la respiration de l’enfant devenait superficielle, voire haletante.

 

Le traitement a consisté à contrôler et tenir cette forme jusqu’à ce que la respiration de l’enfant redevienne normale et apaisée, jusqu’à ce que cette densité disparaisse.

Souvent, à la fin du traitement, l’enfant s’endormait.

 

C’est donc cette même expérience qui m’a aidé à traiter Rémi.

Désormais, il réclame lui-même un traitement régulièrement.

Onze ans plus tard, l’approche de la puberté a créé les conditions d’une nouvelle naissance.

Sa souffrance primitive s’est réinstallée.

 

J’ai alors utilisé la verbalisation, tout en conservant le contact entre mes mains et sa tête, comme avec Florent, m’adressant ici directement à Rémi. Je lui ai demandé de me parler de sa naissance.

Son silence interloqué a été accompagné dans mon toucher par la transformation d’une sensation amorphe et dense comme une pierre en celles de tentacules animés.

Puis il a parlé, comme s’il racontait un vieux rêve…

 

Les mouvements paradoxaux sous mes mains se sont arrêtés et Rémi s’est endormi.

Il a demandé les jours suivants à visiter son Pays natal.

 

 

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Le bébé qui avait la tête « en coin »

 

Lionel a un an lorsqu’il vient à la consultation. Sa déformation de tête est impressionnante.

 

L’arrière est plat comme un mur, de travers, le côté gauche avance, l’oreille gauche est décalée et très en avant par rapport à la droite ; son visage est déformé (un côté fermé, l’autre trop rond).

De plus, il ne peut tourner la tête à droite, il dort mal, digère mal, et est incapable de marcher à quatre pattes.

 

La raison de cet état est expliquée par sa posture. Sa position fœtale était en torsion, tête et épaules vers la gauche, bassin vers la droite. Cette posture associe toujours une tête en arrière (occasionnant une gêne pour avaler et utiliser la langue) et un pied qui tourne en dedans (que l’on appelle pied varus).

 

Le traitement ostéopathique consiste en une sorte de démêlage tissulaire du bébé de façon à faire en sorte que sa posture s’aligne. C’est un travail doux et lent des muscles du cou et des sutures du crâne, des articulations du bassin, et de l’ensemble du corps (viscères thoraciques et abdominaux).

 

Ce travail est complété par une sorte de rééducation faite par les parents sous forme de jeu avec l’enfant.

 

J’ai revu Lionel un mois plus tard. L’arrière de sa tête reste plat mais commence à s’arrondir, les oreilles sont alignées et surtout le visage est symétrique. Enfin, sa posture est dans l’axe, et il marche à quatre pattes, tourne normalement sa tête à droite et à gauche. Il dort bien et n’a plus de problème digestif.

 

Tout semble bien parti. Cependant, il ne récupérera pas un arrondi complet de l’arrière de sa tête car le problème a été pris en compte trop tard.

 

La croissance rapide de la tête d’un bébé se fait entre la naissance et six mois ; c’est à ce moment là que les gestes thérapeutiques sont les plus efficaces. Entre six et dix huit mois, la vitesse de la croissance du crâne est divisée par deux. Une action thérapeutique reste possible mais sera incomplète. Au delà de 18 mois- 2 ans, le traitement d’une tête aplatie est aléatoire.

 

En conclusion, un nourrisson doit être traité en ostéopathie très tôt, et, il ne faut pas écouter ceux qui disent qu’une tête plate ça s’arrangera toujours avec le temps.

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