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Rapport action humanitaire

Rapports Médecins Ostéopathes ALICA/Enfants d’Asie – décembre 2012 – Phnom Penh – Prey Veng

Dr Patrick JOUHAUD (Limoges) – Dr Agnès VAN ACKER (Talence)

PROJET

  • Faire un diagnostic et un traitement ostéopathique chez tous les enfants des foyers cités ci-dessous, ainsi que chez les cadres demandeurs.
  • Donner une formation de base au Dr SIN Sotikun.

LIEUX ET DATES DE TRAVAIL

  • Foyer Chey Chum Neas (CER1+2) (3 – 4 décembre)
  • Foyer de Tuol Seng (CER4) (5 – 6 décembre)
  • Foyer de Beng Trabek (CER3) (6-7 décembre)
  • Foyer de Prey Veng (10/11/12 décembre)

ACCEUIL ET ORGANISATION

Tous les enfants de chaque centre ont été examinés. Ils se sont présentés avec leur carnet de santé ce qui a permis d’avoir accès aux antécédents médicaux de l’enfant.

La présence du Dr Sin, aidée de Mme Retaillau, a considérablement facilité la communication.

Une salle a été mise à disposition dans chaque centre, avec préparation de tables pour les traitements. Le flux des enfants a été géré par le Dr Sin et les mamans. De plus, il a été offert chaque jour aux médecins de l’eau et des fruits.

Par conséquent, le travail ostéopathique a pu être effectué dans d’excellentes conditions.

BILAN MEDICAL ET OSTEOPATHIQUE

  • 205 Traitements

– 101 garçons (4 à 20 ans) – 81 filles (5 à 23 ans) – 23 adultes

  • Pathologies diagnostiquées et traitées ( 4 enfants n’ont pas eu besoin de traitement, l’examen clinique ne montrant aucun problème ostéopathique – plusieurs pathologies possibles chez un même enfant)

– Post traumatiques (séquelles fractures, entorses, chutes, naissance, etc…) : 64 fois

– Oppression thoraciques et blocage diaphragme : 44 fois

– Blocage du bassin : 28 fois

– Souffrance émotionnelle : 102 fois (dont 8 syndromes dépressifs)

– Céphalées : 19 fois

– Troubles de la posture : 16 fois

– Séquelles de malnutrition : 6 fois

– Douleurs rachidiennes : 11 fois

– Epilepsie : 2 fois

– Psoïte : 1 fois

 

 

 

  • Formation Dr SIN Sotikun
    • Enseignement des principes ostéopathiques de la main à la main avec mise en pratique immédiate de gestes simples pour traiter les bocages du bassin, ceux du diaphragme, les céphalées, l’axe vertébral et quelques situations post traumatiques.
    • Techniques enseignées :

– Apprentissage examen et traitement épaule, cheville et hanche (MFR – TOG)

– Traitement d’entorse de cheville (BLT)

– Manipulation rachidienne en inversion de paramètres

– Traitement BLT charnière crânio-rachidienne

– Traitement MFR thorax et diaphragme

– 1ère approche du traitement ostéopathique crânien, et traitements crâniens de tensions des membranes

  • Cours théoriques :

– Présentation (diaporama) anatomique et mécanique de la charnière crânio-rachidienne, de la théorie des 3 diaphragmes

– Repérage manuel du point neutre, et apprentissage des notions théoriques de point neutre, et de, présence/attention/intention.

– Elaboration d’un diaporama avec photos laissant une trace de toutes les techniques apprises.

  • Synthèse :

– Prise de confiance dans la prise en charge de la consultation, tant sur le plan du diagnostic ostéopathique que dans la mise en place du traitement

– Progression dans la qualité du toucher et dans une traduction diagnostique

– Le Dr SIN Sotikun fait preuve d’une réelle motivation dans la prise en charge des enfants à l’aide des traitements ostéopathiques et dans le suivi de cet enseignement.

 

 

 

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Expèrience cambodgienne…ou, réflexion à propos du projet parental.

 

Au cours des traitements effectués au Cambodge pendant ce mois de décembre, la question du projet parental s’est posée entre mes mains.

Nous sommes tous sensibles en Europe à cette notion et nombre de groupes et associations y travaillent. Tout faire pour que l’enfant soit intégré dans un projet sans aller jusqu’à la projection des parents sur leur enfant.

Pas loin de 200 enfants orphelins ou vivant dans une extrême misère ont été traités par le Dr Van Acker et moi-même. Ces enfants ne sont pas issus d’un projet parental. Plus de la moitié d’entre eux ont livrés dans nos mains une souffrance émotionnelle majeure.

Les enfants disaient leurs difficultés de sommeil, des céphalées, des gastralgies, une oppression dans la poitrine, et la plupart du temps, ne se plaignaient de rien.

Nos mains d’Ostéopathe ont perçu des tensions importantes dans les structures du corps, comme une sensation de mur, d’une pierre, d’un bloc, sous-jacent à une colère rentrée, une profonde tristesse, de la déception, un grand désarroi, de la peur également, une terrible résignation toujours.

Ces enfants ont dit l’histoire d’un peuple détruit par le génocide des années 70, et trente années de guerre. Le résultat en fut une déstructuration totale de la société, l’éclatement des familles, la perte des repères moraux et des anciens systèmes de solidarité. Le Cambodge se relève difficilement de ses blessures profondes. Les principales victimes sont les enfants.

Ces enfants ont dit leur histoire personnelle d’être né dans la misère sociale et morale, dans le désamour parental, le viol parfois, l’intoxication par la drogue, la maladie ou les tentatives d’avortement. Ces enfants ont ouvert leur cœur blessé d’enfants abandonnés une fois par la mort d’un père ou d’une mère, deux fois lorsque la famille n’a plus pu s’occuper d’eux et les a confiés à l’orphelinat, trois fois lorsqu’il y a eu séparation de la fratrie.

Les traitements ostéopathiques ont supprimés les blocages tissulaires et vont permettre à ces enfants d’intégrer cette terrible mémoire émotionnelle à leur présent. Je pense en écrivant ces mots à la fable de La Fontaine, Le chêne et le roseau, et je souhaite au plus profond de mon cœur que leur corps reste roseau longtemps.

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Bébé d’Ostéopathe : la culpabilité parentale

 

Léana, 7 jours, vient au cabinet avec ses parents, car elle a beaucoup de coliques et dort très peu.

Elle est née par césarienne programmée du fait d’une présentation en siège. Ce geste est couramment pratiqué par les obstétriciens car il permet d’éviter les risques liés à une naissance avec présentation dystocique du bébé.

Remarque : Une césarienne est une intervention chirurgicale visant à extraire un enfant de l’utérus maternel par incision de la paroi utérine. Le mot « césarienne » dérive du latin caesar qui veut dire enfant né par incision, (du verbe caedere : couper, inciser) d’où viendrait le surnom porté par Jules César (qu’il a hérité d’un de ses ancêtres qui, lui, serait né par césarienne).

La position en siège du fœtus ferme son bassin et son ventre, crée une contrainte sur les intestins et l’estomac qui parfois est refoulé vers le haut, responsable alors d’un reflux gastro-œsophagien. Outre les difficultés digestives, l’enfant peut avoir une pathologie de hanches et se présente toujours en flexion antérieure (penché en avant).

Dans le cas présent, le traitement ostéopathique « démêle » les contraintes tissulaires. Léana se redresse et commence à prendre appuis sur son diaphragme.

Cependant, les questions des parents se font pressantes : « elle n’a pas choisi le moment de sa naissance », « elle n’est pas née normalement », « il lui manque quelque chose de ne pas être passée par les voies naturelles » (sous-entendu, elle n’a pas souffert et ça va lui manquer !)…, « elle s’endort en prenant son repas »….

A ces mots, l’ambiance devient tendue et lourde. Madame Culpabilité fait son entrée, accompagnée de Mr Remord tandis que la Star Colère et ses fans du club des Agacés préparent leur fanfare !

Léana se referme et j’ai la sensation qu’elle se raccroche dans le ventre maternel (d’ailleurs à cet instant, maman touche sa cicatrice qui lui fait mal et papa se gratte la tête !).

Je lis dans son regard et perçoit dans mes mains un appel : « aide-les ! », tandis que le corps de Léana se tourne vers ses Parents, comme pour leur parler.

Le dialogue est de dire que, quelles que soient les circonstances, l’enfant choisit toujours sa date de naissance, l’équipe obstétricale prend toujours les bonnes décisions au bon moment dans le but de protéger la vie de la mère et de l’enfant ainsi que de limiter la souffrance. Les mots atténuent les maux inconscients générés par la souffrance biblique de l’enfantement, etc., etc……

Un dialogue du cœur s’installe.

J’ai l’impression de faire renaître Léana dans la détente et le sourire. Maman n’a plus mal au ventre, Papa ne se prend plus la tête et même plaisante… un ange passe… et Léana, jusqu’alors en position verticale entre mes mains, en profite pour se pencher sur un côté, prend appuis sur son diaphragme, et utilise le contact de mes mains pour effectuer le retournement qu’elle n’a pas fait avant l’accouchement !

Un échange de regard entre nous tous délivre la fin du traitement.

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Bébés d’ostéopathe: lettre à une nouvelle maman

Chère nouvelle maman,

Le bébé que vous attendiez est là et vos rêves, « bien plus bleus que la vie », deviennent une réalité. « Le plus beau jour est celui d’aujourd’hui ». La réalité de la vie peut être une briseuse de rêves et si votre bébé a des difficultés à se nourrir, lisez ce qui suit.

Il n’est rien de meilleur que le lait d’une maman pour son enfant et un enfant ne se laisse jamais mourir de faim. N’écoutez pas les voix culpabilisantes qui évoquent le fait que votre lait n’est pas bon ou que vous n’en n’avez pas assez. C’est faux ! Ne pensez pas que votre enfant est fainéant. C’est faux !

Il arrive souvent que le nouveau-né ait du mal à se mettre au sein, à stimuler ainsi la montée de lait, parce qu’il a une anomalie de fonction de la langue.

Normalement, sa langue doit s’incurver en gouttière pour happer et sucer le mamelon. S’il l’échappe sans cesse, si celui-ci roule dans sa bouche, si vous avez des irritations, voire des crevasses, si la durée du repas est de dix minutes ou d’une heure, si bébé n’est jamais rassasié…c’est que la succion n’est pas efficace.

Egalement, si vous le nourrissez au biberon, il va mal contrôler le débit de la tétine. Trop de lait dans la bouche va provoquer une sensation de noyade et au mieux, du lait va s’écouler de part et d’autre de ses lèvres. Pas assez, l’air est avalé avec le lait.

Dans tous les cas de figure, l’enfant s’agace, vous agace, pleure. Ses coliques deviennent fortes et douloureuses. La vie à la maison peut vite devenir un cauchemar.

Le réflexe de succion fait partie d’un set de réflexes dits « primitifs » qui équipent le nouveau-né. Il est automatique et existe avant la naissance. Ce réflexe peut ne pas exister ou être perturbé pour diverses raisons.

Sachez chère nouvelle maman qu’un traitement ostéopathique précoce pourra vous libérer de cette difficulté. C’est un traitement délicat qui s’adresse à la fois aux muscles de la langue, à la mâchoire, et à l’arrière de la tête (zone d’émergence du nerf de la langue). C’est un traitement que vous saurez compléter par la meilleure des stimulations de la langue, la parole.

L’instant du repas restera ainsi celui d’un échange amoureux extrêmement fort et incroyablement prés.

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Stress et sentiment d’abandon.

Les situations de stress d’un enfant prennent parfois des dimensions dramatiques, c’est le cas de Rémi, 2 ans. Il vient à ma consultation accompagné par ses parents adoptifs.

 

Nous n’avons aucun renseignement sur la naissance ainsi que sur les parents biologiques de Rémi.

Simplement cet enfant décline sa vie de colères en colères et refuse de manger. Il prend donc peu de poids et son développement commence à accuser un certain retard.

 

Son bilan médical et biologique est normal.

 

De façon surprenante pour un enfant de 2 ans, Rémi s’allonge docilement sur la table et se laisse examiner, docilement, et même passivement !

C’est comme si rien ne l’intéresse. Je crois pouvoir commencer un traitement ostéopathique et rien ne se produit pendant un long moment : aucune sensation de blocage, aucun diagnostic de restriction, aucune tension.

 

J’ai toujours retrouvé ce paradoxe chez les enfants abandonnés.

 

Au premier contact, l’enfant ne montre rien si ce n’est son indifférence.

 

J’ai vécu ce paradoxe en traitant les enfants d’un orphelinat au Cambodge. Nous étions trois ostéopathes à travailler, et, à la fin de la première journée de consultation, nous avions tous les trois des bilans ostéopathiques quasi normaux et satisfaisants.

Les enfants défilaient sous nos mains avec un sourire et de grands yeux tristes, nous remerciaient et repartaient.

J’ai décidé alors de reprendre le travail en centrant notre attention uniquement sur les zones émotionnelles du corps.

 

Ce fût une énorme surprise : immédiatement la sensation d’un volume sans forme organisée, avec la consistance d’une pierre (tombale ?), venait entre les mains.

Dans le même instant la respiration de l’enfant devenait superficielle, voire haletante.

 

Le traitement a consisté à contrôler et tenir cette forme jusqu’à ce que la respiration de l’enfant redevienne normale et apaisée, jusqu’à ce que cette densité disparaisse.

Souvent, à la fin du traitement, l’enfant s’endormait.

 

C’est donc cette même expérience qui m’a aidé à traiter Rémi.

Désormais, il réclame lui-même un traitement régulièrement.

Onze ans plus tard, l’approche de la puberté a créé les conditions d’une nouvelle naissance.

Sa souffrance primitive s’est réinstallée.

 

J’ai alors utilisé la verbalisation, tout en conservant le contact entre mes mains et sa tête, comme avec Florent, m’adressant ici directement à Rémi. Je lui ai demandé de me parler de sa naissance.

Son silence interloqué a été accompagné dans mon toucher par la transformation d’une sensation amorphe et dense comme une pierre en celles de tentacules animés.

Puis il a parlé, comme s’il racontait un vieux rêve…

 

Les mouvements paradoxaux sous mes mains se sont arrêtés et Rémi s’est endormi.

Il a demandé les jours suivants à visiter son Pays natal.

 

 

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L’enfant qui refusait de manger…

Inès est arrivée à la consultation aujourd’hui. Elle a deux ans et demi. Sa maman l’accompagne et me parle d’une enfant qui mange peu et de moins en moins depuis plusieurs mois.

Inès est petite, timide mais présente ; elle accepte le contact et semble touchée lorsque je lui dis bonjour et la complimente sur ses vêtements, ses cheveux. Elle a une apparence sérieuse, trop, et renvoie une image plus âgée que la réalité.

Par rapport à son problème médical, je constate simplement un léger aplatissement de la courbe de prise de poids sur les trois derniers mois. L’ensemble du bilan médical et pédiatrique est normal ; un examen biologique est également normal. Sa maman me signale simplement une succession d’infections rhino-pharyngées dont le cycle est arrêté après un traitement homéopathique.

Mes tests cliniques médicaux, neuro-fonctionnels et ostéopathiques sont normaux.

Lorsque je touche la tête d’Inès et la prend dans mes bras, je ressens une immense angoisse et j’ai l’impression d’être aspiré vers le bas. Une sensation morbide m’envahit. Sous mes mains, les centres émotionnels de son cerveau sont anormalement en tension. A mes questions, la maman d’Inès ne me signale aucun deuil dans la famille depuis sa grossesse et la naissance d’Inès.

J’interroge Inès avec mes mains, un dialogue dans l’inconscient se met en place.

C’est alors qu’apparait dans ma pensée l’image de sa petite sœur, née alors qu’Inès avait 18 mois. Et je comprends la jalousie d’Inès, sa souffrance, sa peur de ne plus être le centre de la famille, ses angoisses lorsque son papa et sa maman s’occupent de « l’autre », et la délaissent. Je comprends son envie de la jeter à la poubelle, de la taper, de s’en débarrasser pour que tout soit comme avant…. Et je le dis, à Inès, à sa maman ; j’explique que la jalousie de l’aîné d’une famille est quelque chose de normal, de physiologique. Ce quelque chose est une émotion qui fait sécréter des hormones en rapport avec la peur et la colère ; les centres émotionnels du cerveau sont en tension car très sollicités, l’enfant peut même déprimer.

En l’occurrence, Inès crée un conflit alimentaire, entre en compétition avec sa sœur, et il faut le désamorcer tout de suite afin d’éviter une dérive anorexique, et un conflit familial.

Certes la technique ostéopathique crânienne et sa composante biodynamique prend ici sa place pour traiter Inès, mais la verbalisation de ces attitudes concourt à la détente de l’enfant dont le regard et le sourire montrent qu’elle est heureuse d’avoir été comprise.

J’explique que le comportement d’Inès, ses gestes vifs envers sa sœur ne sont qu’appel à l’aide pour trouver sa place, comme avant, même si c’est impossible. Et je dis surtout que la seule réponse à donner à Inès est un câlin, un geste et des mots d’amour, et que le seul fait de dire à l’enfant quelque chose qui ressemble à « je comprends ce que tu veux me dire, je t’aime et je vais t’aider » suffira à régler ce conflit immédiat.

Oui, j’affirme que le vrai dialogue amoureux est thérapeutique. Je l’ai à nouveau senti dans mes mains aujourd’hui.

 

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mais qu’est-ce que l’ostéopathie?

 

 

L’enseignement ostéopathique que j’ai reçu est basé sur une notion fondamentale et majeure d’écoute des tissus du corps avec les mains. Cela permet un diagnostic et facilite un traitement qui ne contrarie jamais les mouvements inconscients du corps.

 

On appelle cela une technique indirecte ou encore ostéopathie fonctionnelle. Pour mieux comprendre, voici un exemple pris dans le quotidien.

Vous avez soif, vous prenez un verre et une carafe d’eau. Vous versez une partie de l’eau dans le verre. Il y a dans cet événement une structure « carafe », une structure « verre », une structure « eau ». Ces trois structures sont alignées par vos mains, votre bras, votre corps qui établissent ce geste et qui vont remplir le verre avec l’eau provenant de la carafe. Dans ce mouvement vous réalisez un événement que vous avez programmé. Un événement pour lequel vous avez eu l’intention de faire ce geste.

Vous allez remplir le verre jusqu’à un certain seuil, soit par rapport à votre soif, soit par rapport au bord du verre.

 

Le geste thérapeutique manuel suit exactement ce même processus : entre l’intention du thérapeute et l’utilisation des mains par rapport à ce qu’il a l’intention d’écouter et de faire avec ses mains.

 

Si les mains sont importantes pour un ostéopathe, elles prennent une importance capitale lors du travail avec les bébés. Celui-ci va s’exprimer avec son langage corporel : son comportement, ses réactions, son positionnement sont autant de renseignements à interpréter, décoder puis utiliser.

Elles se placent, attendent, écoutent ce langage.

Elles ont une immobilité active et présente. Elles se fondent dans la forêt des tissus du corps, comme un chasseur à l’affût de son gibier.

Elles sont prêtes à recevoir ce que le bébé voudra ou pourra donner.

à suivre…

 

 

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une naissance déclenchée suivie d’une extraction par forceps.

 

Beaucoup de traitements ressemblent à celui de Florent, décrit précédemment. C’est le cas de Mathilde venue à ma consultation à son 8ème jour avec ses parents pour les mêmes raisons que Florent. Pour Mathilde, la naissance avait été difficile car il avait fallu déclencher les contractions utérines. La dilatation du col s’était faite lentement. Le passage du bébé avait nécessité l’aide d’instruments (forceps) afin de limiter sa souffrance.

Quoiqu’il en soit Mathilde souffre physiquement. La puissance des contractions, la lenteur du passage, l’angoisse de l’entourage, la mettent mal à l’aise. Elle a mal à la tête, au dos, au ventre, respire vite et à l’envers. Donc, elle pleure beaucoup, dort peu, ne trouve pas de position de repos, mange et digère difficilement.

Mathilde cumule deux interventions sur le déroulement de sa naissance : le déclenchement et les forceps.

Le déclenchement (d’autant plus négatif s’il n’y a pas d’indications médicales ou chirurgicales) induit chez l’enfant l’idée que rien ne va, la sensation d’être tout le temps interrompu et contrôlé.

Les forceps induisent un fonctionnement mental du type de « je ne peux pas y arriver par moi-même », et des douleurs de tête, de nuque et des épaules.

(Soyons clair, il n’est pas dans mon propos l’intention de critiquer une attitude et un geste obstétrical ; ce qui a été fait l’a été pour le bien de la mère et de l’enfant ; les forceps leur sauvent la vie ; j’en évoque simplement les conséquences.)

Le traitement paraît simple : il faut compacter les tissus comme pour Florent. Toutefois rien ne fonctionne. Mathilde pleure à chaque fois que je la touche. Elle refuse le traitement. Je sens ses tissus, son corps, se bloquer sous mes mains comme si une armure d’acier la recouvrait et l’envahissait.

C’est alors que j’ai l’idée de changer le décor et le scénario. Quelque chose d’imprévu se passe, il faut créer l’inattendu.

Je propose donc au papa et la maman de Mathilde de s’asseoir côte à côte sur la table de travail et dépose Mathilde dans les bras de sa maman.

L’enfant est ainsi contre le sein de sa mère, baignée d’odeurs rassurantes. Son papa pose sa main sur son dos et lui parle.

Je suis derrière la maman et prends un léger appui contre son dos par l’intermédiaire d’un coussin. Mes mains recouvrent la tête de Mathilde. Elles effleurent à peine les cheveux. Mathilde pleure toujours, elle hoquète.

Ma perception est toujours celle d’une armure en acier, comme si mes mains tenaient fermement cet objet.

Cependant je la touche comme une plume posée sur l’eau. Mathilde se défend toujours tant sa souffrance de naissance est forte………

 

Il a fallu du temps, beaucoup de temps ! Il a fallu tout l’amour des parents de Mathilde pour aider à traverser ce temps. Il a fallu toute ma confiance et ma certitude que sous l’armure, les tissus du corps de Mathilde attendaient cette délivrance.

L’armure représente ici toute la contracture et les blocages de cette naissance, tant sur le plan physique que sur le plan émotionnel.

Elle représente aussi toutes les défenses fabriquées par Mathilde pour arrêter de souffrir.

Enfin, au bout de tout ce temps, Mathilde s’est détendue progressivement, plusieurs profonds soupirs ont calmé ses hoquets et ses pleurs. Elle s’est endormie.

Plus rien ne bougeait. Le temps s’est arrêté. C’était comme lorsque plusieurs personnes sont réunies, discutent, parlent, échangent, jusqu’à l’instant de silence inattendu, imprévu, et que chacun remarque en pensant au fond de lui-même… « Un ange passe » !

Enfin, la respiration de Mathilde devenait calme et sereine ; enfin, je pouvais la toucher sans l’agresser. Elle réclamait le sein de sa mère et pendant son repas, la conversation a permis de mettre des mots sur ce qui s’était passé.

Mathilde a réalisé sa capacité de réaction dans des situations difficiles, et sa confiance en son corps dans ces moments-là. Sa maman a compris qu’elle n’était en rien responsable de tout ce qui était arrivé.

J’ai apprécié ce travail et je remercie les parents de m’avoir ouvert cet espace d’amour pour que le traitement puisse être efficace.

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Le bébé qui refusait sa naissance

Voici l’histoire de Florent venu à ma consultation à son 7ème jour.

Il vient avec son papa et sa maman. Le motif de l’appel est : « pleurs et cris incessants ».

De fait, mis à part les premières 24 heures, Florent est sans arrêt en cris et en pleurs. Le calme revient un peu pendant les repas. Le bilan médical à la maternité est normal.

Devant cet enfant que rien ne console et ne calme, très vite, les parents sont désemparés… les voisins mécontents !

L’appel téléphonique de la maman est un appel au secours, débordant d’angoisse et de désespérance.

 

L’arrivée de Florent au cabinet est remarquée car très bruyante. Bref, cet enfant semble très en colère.

L’examen médical et l’examen ostéopathique ne révèlent aucun problème particulier. Il n’y a pas de contraintes crâniennes pouvant expliquer un mal de tête, tout au plus, une tension dans la nuque et le haut du dos.

Je commence alors un traitement par rapport à cette tension, et, quel que soit la position de mes mains, quel que soit la posture du bébé, rien ne se passe. Florent est toujours pleurant et hurlant.

Il arrive un instant où je commence à penser que je ne vais rien pouvoir faire pour cet enfant.

Je suis assis à califourchon sur ma table de travail, c’est ma position préférée pour traiter les enfants. Florent est dans mes mains, je le porte, une main sous la tête, l’autre sous le bassin. Il me fait face.

Ses parents sont assis à côté. Ils ont un contact permanent avec lui.

C’est alors que je demande à nouveau à la maman de raconter la naissance.

C’est avec une sorte de « cri du ventre » qu’elle répond du tac au tac : « de toutes façons il ne voulait pas venir, il a fallu aller le chercher » !

Instantanément, mes mains ont perçu comme une rétraction des tissus du bébé, comme si Florent avait envie de se recroqueviller. Il entend les paroles de sa maman et sa réponse est faite en langage corporel.

Mes mains ont suivi ce mouvement de rétraction dès sa perception. Elles se sont rapprochées. Très vite, Florent s’est compacté, tassé sur lui-même. Ce mouvement a imposé un demi-tour de telle sorte que le bébé se retrouve collé contre moi, son dos contre mon ventre. Ma main sur sa tête a quasiment rejoint ma main sur son bassin. Autant que les tissus l’autorisent, j’accompagne ce mouvement de compaction.

Au bout de quelques secondes, cet enfant qui criait et pleurait depuis sa naissance, cet enfant inconsolable, s’est tu… et s’est endormi…

Je ne sais combien de temps a duré cet instant d’immobilité. Nous l’appelons en ostéopathie « Still point ». Je sais seulement qu’il fallait attendre et ne rien faire. Je me rappelle le regard du papa et de la maman ; je sais qu’ils ont pleuré de soulagement.

Je ressens toujours une grande émotion lorsque je raconte cette histoire.

Pendant cette période d’immobilité, Florent a résolu sa colère. C’est vrai, il ne voulait pas venir. L’avoir forcé avait déclenché son refus. Sa rage se déversait sur tout ce qui l’entourait.

Avoir accompagné physiquement ses émotions dans une compaction tissulaire lui a permis de trouver une autre respiration. C’est un peu comme s’il se réconciliait avec le monde.

Lorsque cet instant d’immobilité et de calme est arrivé à son terme, j’ai senti entre mes mains l’enfant se détendre complètement, un bras, une jambe, puis les quatre membres se sont relâchés. Florent s’est progressivement réveillé. Il m’a regardé au fond des yeux.

Le traitement était terminé, il pouvait revenir dans les bras de ses parents et accepter sa naissance.

Je crois que cet enfant a beaucoup de caractère. Il est très volontaire et ne mâchera jamais ses mots dans la vie.

Sa croissance sera libre et sans contrainte car le refus d’être né s’est transformé dans l’apaisement d’être accueilli.

 

 

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Ostéopathie autour de la prime enfance et de la grossesse (4).

Les nouveaux-nés

La tête du nouveau-né doit considérablement réduire sa taille pour passer à travers le canal de naissance ; la forme de la tête change et l’ensemble des structures crâniennes se surchappent de façon à faciliter le passage. Si ce modelage est important, dure longtemps, ou bien si sur l’une ou l’autre de ce passage le naissant subit une pression excessive (cf les limitations de mobilité du pelvis de la maman), la tête des nouveaux-nés ne retrouvera pas sa forme normale après l’accouchement.

 

L’utilisation de forceps ou de ventouses a peu ou pas d’incidence sur les déformations de la tête puisque ces instruments sont utilisés pour sauver l’enfant et le libérer des contraintes pré-existantes.

Les structures crâniennes que se soient les membranes (méninges) ou bien l’ensemble du système neurologique sous-jacent peut subir la contrainte ainsi qu’une certaine irritation ; l’ensemble des nerfs crâniens émergeant sous la base du crâne peuvent être touchés par ces mêmes contraintes et à l’origine d’un certain nombre de problèmes pathologiques.

 

– les enfants coléreux, irritables, agacés. Il leur faut longtemps pour se nourrir ou pour s’endormir, ils pleurent beaucoup, ils s’endorment et/ou se nourrissent toujours dans la même position. Ces bébés n’ont pas de confort de tête et ont du mal à s’allonger ce qui fait qu’ils préfèrent la plupart du temps être portés dans les bras.

 

– le repas du bébé peut durer longtemps. Ceci est en rapport soit avec une inversion du réflexe de la langue soit en rapport avec une gêne du réflexe de la déglutition. Les deux sont souvent à l’origine de difficultés de succion et de déglutition qui provoquent chez la mère des crevasses du mamelon, une difficulté de la mise au sein et des déglutitions accompagnées d’air. Les repas deviennent longs et inconfortables, l’enfant s’endort au bout de quelques minutes et demande rapidement non pas le repas suivant mais la fin du repas en cours.

Dans certaines circonstances lorsque le bébé est nourri au biberon, le bébé n’arrive pas toujours à déglutir la quantité de lait dans sa bouche qui déborde ou bien déglutit beaucoup d’air.

 

– Régurgitations, coliques et gaz. Toujours pour les mêmes raisons l’estomac peut être irrité, gonflé par de l’aérophagie et le diaphragme peut ne pas effectuer son travail de respiration correctement. Toutes ces irritations sont à l’origine de coliques, de gaz, d’un ventre proéminent et parfois dur etc…

 

– Les problèmes de développement ultérieurs. Les enfants qui ont subi de telles contraintes au niveau de la tête comme au niveau de l’ensemble de leur corps vont présenter ultérieurement des problèmes O.R.L à répétition (otites, rhino-pharyngites, etc…), des problèmes oculaires, ainsi que des problèmes de comportement.

Un ensemble de réflexes dits primitifs présents à la naissance qui doivent disparaître au cours de la 1ère année pour laisser place à des réflexes de posture, peut anormalement perdurer et gêner la croissance neuro-fonctionnelle de l’enfant.

Les traitements ostéopathiques effectués le plus tôt possible après la naissance sont des traitements qui prennent en compte à la fois la tête du nouveau-né, l’ensemble de son corps et la relation entre le bassin et la tête du nouveau-né. Ces traitements utilisent des techniques extrêmement douces et non douloureuses, parfaitement tolérées et acceptées par le bébé qui à l’issue de tels traitements peut parfois tomber dans un long sommeil pendant ou après le traitement. Il arrive parfois cependant que les bébés réagissent à l’inverse car ces traitements permettent l’élimination de toxines musculaires (acide pyruvique) accumulées pendant cette épreuve de naissance (identique à nos courbatures). Les traitements ostéopathiques effectués chez la femme enceinte lorsqu’il existe des lombalgies et des sciatiques de grossesse ou bien lorsqu’il existe une dystocie de présentation sont également des techniques douces et sans dangers ; elles peuvent permettre une meilleure délivrance et, lorsqu’il n’y a pas de raison obstétricale sous-jacente, permettent un repositionnement correct du bébé avant sa naissance, ainsi qu’un soulagement des douleurs de la maman.

Enfin les traitements ostéopathiques après l’accouchement sont des traitements qui permettent de remodeler un bassin identique à ce qu’il était avant la grossesse et donc de rééquilibrer la posture de la maman.

L’ensemble de ces traitements sont bien évidemment conseillés de façon préventive de sorte à supprimer ou atténuer les contraintes traumatiques signalées au début de cet exposé.

 

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