émotion partagée

Il était si faible, petit, léger comme une plume au point que je ne l’ai pas senti la première fois que je l’ai porté dans mes bras.

Il était absent à son corps, comme sans conscience et les yeux sans regard.

Son corps, un objet raide, spastique, comme du bois, allongé sur la table d’examen, ne s’est même pas déplié.

 

Il venait d’être recueilli par un orphelinat, confié à celui-ci par un hôpital à qui cet enfant avait été remis car trouvé sur le bord de la route.

C’est un enfant sans espoir car atteint d’une infirmité de naissance, paralysé, sans aucune progression neurologique, dépendant.

C’est un enfant abandonné car sans avenir productif.

Mes mains d’ostéopathe l’ont traité sur tous les plans, tissulaire et articulaire, ont aidé à une meilleure respiration. Elles ont agi sur les émotions perverses, elles ont aidé à apaiser ce corps à vif.

Il a fallu motiver sa prise en charge par l’entourage car son état nécessitait beaucoup de présence, d’être touché, nécessitait beaucoup de patience.

Je l’ai revu un an après. Il était moins raide, un peu déplié et toujours absent à lui même, indifférent aux autres.

Un second traitement ostéopathique a guidé son corps vers plus d’apaisement, une respiration synchrone.

Et, deux ans plus tard, je vois arriver Sopheat, fier et debout derrière un fauteuil roulant qu’il utilise comme un déambulateur. De loin, il m’appelle, il est méconnaissable et me reconnaît. Son corps s’est réveillé, ses yeux vivent et pétillent. Il communique.

Un grand bonheur se répand sous mes mains… et nous avons joué pendant le traitement.

 

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