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Sciatique et dialogue des mains.

Sciatique, …vous avez dit…sciatique ?

 

Mr Tartan, 48 ans, souffre d’une sciatique de la jambe gauche depuis trois à quatre ans.

Ces douleurs sont invalidantes et le gênent dans chaque instant du quotidien. Les positions de repos sans douleur sont longues et difficiles à trouver.

 

Aucun traitement médicamenteux ne l’a réellement soulagé.

Les examens d’imagerie médicale ne montrent qu’une discopathie lombaire sans caractère agressif. Il n’existe aucun signe de souffrance de sa moelle épinière.

Bien sûr, il n’existe pas de solution chirurgicale.

Comme Mr Tartan insiste et persiste dans sa demande d’être soulagé, on multiplie les examens, jusques et y compris du cerveau, pour finir par évoquer une possible fibromyalgie !

…Et pourquoi pas une hystérie ?

 

A cet instant de l’histoire, je voudrais vous suggérer d’imaginer le coût de la succession d’examens, de consultations, d’essais thérapeutiques, sans oublier les arrêts de travail successifs et finalement la nécessité d’un reclassement professionnel.

Et toutes ces semaines et ces mois à souffrir, et ne pas vivre.

 

Mais revenons à cette consultation.

L’examen ostéopathique révèle une fausse sciatique. Il s’agit d’une douleur diffuse sur un trajet du nerf sciatique qui ne suit pas exactement le trajet neurologique et anatomique du nerf sciatique. D’ailleurs, l’examen neurologique est normal.

Lorsque je demande à Mr T de faire quelques pas dans le cabinet, je vois et entend qu’il pose lourdement son pied gauche sur le sol.

La palpation de sa cheville, alors qu’il est allongé, donne à ma main la sensation de quelque chose de dur et rigide. Il y a presque une défense lors du toucher léger.

Sa cheville n’est pas libre.

Au moment où je m’apprête à lui demander quand et comment il a blessé sa cheville, il explique spontanément qu’une bille de bois lui est tombé sur le coup de pied.

Et…il y a longtemps ?

Quatre ans fut sa réponse !

 

Voici donc l’exemple d’un dialogue simple des mains et des tissus, du toucher et des mots, qui annulent le déni d’une blessure et l’oubli d’un interrogatoire détaillé.

Le diagnostic révélé ici est celui d’un blocage de la cheville responsable d’une dysfonction du tibia (dite « tibia distal antérieur »). Cette dysfonction déclenche à la longue des signes de sciatique dans la jungle desquelles on se perd.

Le traitement de la cheville a traité la sciatique sans avoir à toucher le dos.

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Le bébé qui refusait sa naissance

Voici l’histoire de Florent venu à ma consultation à son 7ème jour.

Il vient avec son papa et sa maman. Le motif de l’appel est : « pleurs et cris incessants ».

De fait, mis à part les premières 24 heures, Florent est sans arrêt en cris et en pleurs. Le calme revient un peu pendant les repas. Le bilan médical à la maternité est normal.

Devant cet enfant que rien ne console et ne calme, très vite, les parents sont désemparés… les voisins mécontents !

L’appel téléphonique de la maman est un appel au secours, débordant d’angoisse et de désespérance.

 

L’arrivée de Florent au cabinet est remarquée car très bruyante. Bref, cet enfant semble très en colère.

L’examen médical et l’examen ostéopathique ne révèlent aucun problème particulier. Il n’y a pas de contraintes crâniennes pouvant expliquer un mal de tête, tout au plus, une tension dans la nuque et le haut du dos.

Je commence alors un traitement par rapport à cette tension, et, quel que soit la position de mes mains, quel que soit la posture du bébé, rien ne se passe. Florent est toujours pleurant et hurlant.

Il arrive un instant où je commence à penser que je ne vais rien pouvoir faire pour cet enfant.

Je suis assis à califourchon sur ma table de travail, c’est ma position préférée pour traiter les enfants. Florent est dans mes mains, je le porte, une main sous la tête, l’autre sous le bassin. Il me fait face.

Ses parents sont assis à côté. Ils ont un contact permanent avec lui.

C’est alors que je demande à nouveau à la maman de raconter la naissance.

C’est avec une sorte de « cri du ventre » qu’elle répond du tac au tac : « de toutes façons il ne voulait pas venir, il a fallu aller le chercher » !

Instantanément, mes mains ont perçu comme une rétraction des tissus du bébé, comme si Florent avait envie de se recroqueviller. Il entend les paroles de sa maman et sa réponse est faite en langage corporel.

Mes mains ont suivi ce mouvement de rétraction dès sa perception. Elles se sont rapprochées. Très vite, Florent s’est compacté, tassé sur lui-même. Ce mouvement a imposé un demi-tour de telle sorte que le bébé se retrouve collé contre moi, son dos contre mon ventre. Ma main sur sa tête a quasiment rejoint ma main sur son bassin. Autant que les tissus l’autorisent, j’accompagne ce mouvement de compaction.

Au bout de quelques secondes, cet enfant qui criait et pleurait depuis sa naissance, cet enfant inconsolable, s’est tu… et s’est endormi…

Je ne sais combien de temps a duré cet instant d’immobilité. Nous l’appelons en ostéopathie « Still point ». Je sais seulement qu’il fallait attendre et ne rien faire. Je me rappelle le regard du papa et de la maman ; je sais qu’ils ont pleuré de soulagement.

Je ressens toujours une grande émotion lorsque je raconte cette histoire.

Pendant cette période d’immobilité, Florent a résolu sa colère. C’est vrai, il ne voulait pas venir. L’avoir forcé avait déclenché son refus. Sa rage se déversait sur tout ce qui l’entourait.

Avoir accompagné physiquement ses émotions dans une compaction tissulaire lui a permis de trouver une autre respiration. C’est un peu comme s’il se réconciliait avec le monde.

Lorsque cet instant d’immobilité et de calme est arrivé à son terme, j’ai senti entre mes mains l’enfant se détendre complètement, un bras, une jambe, puis les quatre membres se sont relâchés. Florent s’est progressivement réveillé. Il m’a regardé au fond des yeux.

Le traitement était terminé, il pouvait revenir dans les bras de ses parents et accepter sa naissance.

Je crois que cet enfant a beaucoup de caractère. Il est très volontaire et ne mâchera jamais ses mots dans la vie.

Sa croissance sera libre et sans contrainte car le refus d’être né s’est transformé dans l’apaisement d’être accueilli.

 

 

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Ostéopathie autour de la prime enfance et de la grossesse (3).

Le travail

Le pelvis est utilisé pour s’ouvrir au niveau de ses trois articulations, les deux articulations sacro-iliaques ainsi que la symphyse pubienne. Ceci se produit afin de faciliter le passage du bébé.

Tout antécédent traumatique du bassin va provoquer une restriction de mobilité de ces articulations. De ce fait, la modification de la taille et de la forme du canal de naissance va restreindre la facilité de descente de la tête dans ses détroits.

 

Lorsqu’une restriction se limite à une partie du pelvis, l’autre zone va subir une sur contrainte puisque elle va compenser ce que ne peut faire l’autre partie.

Qu’elle soit totale ou partielle, la restriction de mobilité du bassin sera toujours à l’origine de problèmes pendant la phase post-natale telle que douleurs lombaires, dorsales ou cervicales, fatigue anormale et importante, contrainte importante sur l’ensemble des disques de la colonne vertébrale, incontinence par faiblesse du muscle vésical et descente des organes tel l’utérus.

 

 

Les positions d’accouchement pouvant adapter à ces limitations telles que position accroupie, à quatre pattes ou à genoux ne sont pas utilisées dans nos salles d’accouchement et ne permettent pas d’obtenir une expansion suffisante du pelvis.

 

La position classiquement employée pour l’accouchement, en décubitus et flexion des jambes, permet une certaine ouverture du bassin mais peut, parfois, ne pas faciliter le passage de l’enfant. Cependant ces positions de décubitus sont nécessaires du fait de l’utilisation d’une anesthésie péridurale.

 

 

Une des raisons de la dépression post-natale (baby blues) peut avoir comme origine les pressions importantes axées sur l’utérus par la tête du bébé qui, lors de son passage, a tendance à le repousser en arrière et vers le bas.

Il résulte de cela une importante tension sur les membranes spinales (dure-mère) car il existe une attache de la dure-mère au niveau de la 2ème vertèbre sacrée (S2).

Ce fait explique que l’ensemble des mouvements du sacrum ainsi que ses contraintes vont avoir une influence sur les membranes méningées et donc agir sur l’ensemble du dispositif du système nerveux central (cerveau et moelle épinière) ainsi que sur le fonctionnement du système nerveux autonome.

 

Les syndromes dépressifs résultants de cette situation peuvent alors être traités par un simple réajustement et repositionnement du sacrum dans sa loge.

 

Les modalités de l’accouchement dans nos salles d’obstétriques européennes, sont la plupart du temps à l’origine de ces contraintes sur le sacrum et il apparaît donc utile d’effectuer un traitement ostéopathique et un repositionnement du sacrum après chaque accouchement.

 

 

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Un métier passionnant pour un homme passionné

J’ai crée au printemps 2011 mon blog ostéopathique, complémentaire à docosteo. L’objectif est de partager mon expérience, mes réflexions sur mon métier et les techniques manuelles, ma philosophie de la vie, tant avec quelques textes, quelques histoires de consultations, et une galerie de photos à partager.

Docteur en Médecine, Diplômé en Ostéopathie, je me suis consacré à la médecine d’urgence, puis à la médecine générale (cabinet libéral en secteur rural), avant de créer en 1990 le Pôle de Médecine Ostéopathique du 5 rue Sainte Claire à Limoges.

J’ai travaillé avec les grands noms européens et nord-américains de l’ostéopathie qui m’ont transmis leur passion, l’intelligence des traitements, les subtilités de l’enseignement.

Chargé de cours à l’Université de Bordeaux 2 depuis 2001, mon activité d’enseignant et de conférencier se développe progressivement .
Aujourd’hui, outre mon activité libérale et universitaire, je préside l’Association Périgord Limousin d’Ostéopathie, et m’investit dans des actions humanitaires au Cambodge.

Je suis aussi, l’ostéopathe de Guillaume Moreau.

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