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L’enfant qui refusait de manger…

Inès est arrivée à la consultation aujourd’hui. Elle a deux ans et demi. Sa maman l’accompagne et me parle d’une enfant qui mange peu et de moins en moins depuis plusieurs mois.

Inès est petite, timide mais présente ; elle accepte le contact et semble touchée lorsque je lui dis bonjour et la complimente sur ses vêtements, ses cheveux. Elle a une apparence sérieuse, trop, et renvoie une image plus âgée que la réalité.

Par rapport à son problème médical, je constate simplement un léger aplatissement de la courbe de prise de poids sur les trois derniers mois. L’ensemble du bilan médical et pédiatrique est normal ; un examen biologique est également normal. Sa maman me signale simplement une succession d’infections rhino-pharyngées dont le cycle est arrêté après un traitement homéopathique.

Mes tests cliniques médicaux, neuro-fonctionnels et ostéopathiques sont normaux.

Lorsque je touche la tête d’Inès et la prend dans mes bras, je ressens une immense angoisse et j’ai l’impression d’être aspiré vers le bas. Une sensation morbide m’envahit. Sous mes mains, les centres émotionnels de son cerveau sont anormalement en tension. A mes questions, la maman d’Inès ne me signale aucun deuil dans la famille depuis sa grossesse et la naissance d’Inès.

J’interroge Inès avec mes mains, un dialogue dans l’inconscient se met en place.

C’est alors qu’apparait dans ma pensée l’image de sa petite sœur, née alors qu’Inès avait 18 mois. Et je comprends la jalousie d’Inès, sa souffrance, sa peur de ne plus être le centre de la famille, ses angoisses lorsque son papa et sa maman s’occupent de « l’autre », et la délaissent. Je comprends son envie de la jeter à la poubelle, de la taper, de s’en débarrasser pour que tout soit comme avant…. Et je le dis, à Inès, à sa maman ; j’explique que la jalousie de l’aîné d’une famille est quelque chose de normal, de physiologique. Ce quelque chose est une émotion qui fait sécréter des hormones en rapport avec la peur et la colère ; les centres émotionnels du cerveau sont en tension car très sollicités, l’enfant peut même déprimer.

En l’occurrence, Inès crée un conflit alimentaire, entre en compétition avec sa sœur, et il faut le désamorcer tout de suite afin d’éviter une dérive anorexique, et un conflit familial.

Certes la technique ostéopathique crânienne et sa composante biodynamique prend ici sa place pour traiter Inès, mais la verbalisation de ces attitudes concourt à la détente de l’enfant dont le regard et le sourire montrent qu’elle est heureuse d’avoir été comprise.

J’explique que le comportement d’Inès, ses gestes vifs envers sa sœur ne sont qu’appel à l’aide pour trouver sa place, comme avant, même si c’est impossible. Et je dis surtout que la seule réponse à donner à Inès est un câlin, un geste et des mots d’amour, et que le seul fait de dire à l’enfant quelque chose qui ressemble à « je comprends ce que tu veux me dire, je t’aime et je vais t’aider » suffira à régler ce conflit immédiat.

Oui, j’affirme que le vrai dialogue amoureux est thérapeutique. Je l’ai à nouveau senti dans mes mains aujourd’hui.

 

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Définition scientifique de l’ostéopathie

 

L’ostéopathie est l’art du diagnostic et du traitement des lésions ostéopathiques. Pour cela, il est nécessaire d’avoir une connaissance parfaite et un approfondissement permanent de toute la connaissance anatomique.

 

La lésion ostéopathique est une dysfonction somatique.

La dysfonction somatique est une restriction de mobilité.

Cette restriction de mobilité (ou dysfonction somatique) a une origine soit par un traumatisme direct, soit par un traumatisme indirect.

L’origine de la dysfonction peut également utiliser des voies réflexes qu’elles soient somato-somatiques, viscéro-somatiques ou bien cortico-somatiques.

Il existe encore des dysfonctions somatiques qui ont pour origine les déséquilibres de posture de l’être humain.

 

Pour ce qui concerne le diagnostic de la dysfonction somatique, il s’effectue par rapport à un point neutre qui est un point d’équilibre d’une structure anatomique, point d’équilibre compris entre des barrières dites élastiques et anatomiques.

 

Lorsque survient un traumatisme (cf ci-dessus) le point neutre habituel (physiologique), subit un déplacement et il devient pathologique. Ce point neutre pathologique se situe entre une barrière physiologique et une barrière restrictive.

 

Le diagnostic ostéopathique s’effectue avec la main et l’utilisation du toucher. Toute la main est tapissée de récepteurs de sensibilité profonde (proprioceptifs) qui sont directement connectés, sans relais, au cortex cérébral.

Les conséquences cliniques de ces dysfonctions sont immédiates et inflammatoires, d’une part, et d’autre part, tardives avec perte de mobilité, impotence fonctionnelle, perte de la masse musculaire, modification cutanée, puis arthrose et douleurs chroniques.

 

Progressivement se constitue toute une zone lésionnelle d’adaptation des tissus dans et hors de la zone concernée, ainsi que des réactions cutanées, musculaires et ligamentaires.

à suivre…

 

 

 

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à propos des entorses de cheville

 

Une entorse est une blessure des ligaments. Les ligaments sont des tissus qui assurent la stabilité et les mouvements fins des articulations.

Ils sont le siège de nombreux récepteurs neurologiques qui contrôlent la posture.

Une rupture ligamentaire signe une entorse grave. Elle est associée à une blessure musculaire, voire un arrachement osseux.

 

La stabilité d’une cheville est, entre autres choses, assurée par l’extrémité inférieure du tibia et du péroné.

Ces extrémités terminent leur ossification à 18 ans (ossification = transformation d’un tissus mou en tissus osseux).

 

Cela veut dire que toute entorse avant 18 ans entraîne une instabilité de cheville définitive car elle va modifier le processus d’ossification et perturber les contrôles posturaux.

Toute entorse de cheville, même grave, et à fortiori chez un moins de 18 ans, doit être traitée en ostéopathie.

 

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une naissance déclenchée suivie d’une extraction par forceps.

 

Beaucoup de traitements ressemblent à celui de Florent, décrit précédemment. C’est le cas de Mathilde venue à ma consultation à son 8ème jour avec ses parents pour les mêmes raisons que Florent. Pour Mathilde, la naissance avait été difficile car il avait fallu déclencher les contractions utérines. La dilatation du col s’était faite lentement. Le passage du bébé avait nécessité l’aide d’instruments (forceps) afin de limiter sa souffrance.

Quoiqu’il en soit Mathilde souffre physiquement. La puissance des contractions, la lenteur du passage, l’angoisse de l’entourage, la mettent mal à l’aise. Elle a mal à la tête, au dos, au ventre, respire vite et à l’envers. Donc, elle pleure beaucoup, dort peu, ne trouve pas de position de repos, mange et digère difficilement.

Mathilde cumule deux interventions sur le déroulement de sa naissance : le déclenchement et les forceps.

Le déclenchement (d’autant plus négatif s’il n’y a pas d’indications médicales ou chirurgicales) induit chez l’enfant l’idée que rien ne va, la sensation d’être tout le temps interrompu et contrôlé.

Les forceps induisent un fonctionnement mental du type de « je ne peux pas y arriver par moi-même », et des douleurs de tête, de nuque et des épaules.

(Soyons clair, il n’est pas dans mon propos l’intention de critiquer une attitude et un geste obstétrical ; ce qui a été fait l’a été pour le bien de la mère et de l’enfant ; les forceps leur sauvent la vie ; j’en évoque simplement les conséquences.)

Le traitement paraît simple : il faut compacter les tissus comme pour Florent. Toutefois rien ne fonctionne. Mathilde pleure à chaque fois que je la touche. Elle refuse le traitement. Je sens ses tissus, son corps, se bloquer sous mes mains comme si une armure d’acier la recouvrait et l’envahissait.

C’est alors que j’ai l’idée de changer le décor et le scénario. Quelque chose d’imprévu se passe, il faut créer l’inattendu.

Je propose donc au papa et la maman de Mathilde de s’asseoir côte à côte sur la table de travail et dépose Mathilde dans les bras de sa maman.

L’enfant est ainsi contre le sein de sa mère, baignée d’odeurs rassurantes. Son papa pose sa main sur son dos et lui parle.

Je suis derrière la maman et prends un léger appui contre son dos par l’intermédiaire d’un coussin. Mes mains recouvrent la tête de Mathilde. Elles effleurent à peine les cheveux. Mathilde pleure toujours, elle hoquète.

Ma perception est toujours celle d’une armure en acier, comme si mes mains tenaient fermement cet objet.

Cependant je la touche comme une plume posée sur l’eau. Mathilde se défend toujours tant sa souffrance de naissance est forte………

 

Il a fallu du temps, beaucoup de temps ! Il a fallu tout l’amour des parents de Mathilde pour aider à traverser ce temps. Il a fallu toute ma confiance et ma certitude que sous l’armure, les tissus du corps de Mathilde attendaient cette délivrance.

L’armure représente ici toute la contracture et les blocages de cette naissance, tant sur le plan physique que sur le plan émotionnel.

Elle représente aussi toutes les défenses fabriquées par Mathilde pour arrêter de souffrir.

Enfin, au bout de tout ce temps, Mathilde s’est détendue progressivement, plusieurs profonds soupirs ont calmé ses hoquets et ses pleurs. Elle s’est endormie.

Plus rien ne bougeait. Le temps s’est arrêté. C’était comme lorsque plusieurs personnes sont réunies, discutent, parlent, échangent, jusqu’à l’instant de silence inattendu, imprévu, et que chacun remarque en pensant au fond de lui-même… « Un ange passe » !

Enfin, la respiration de Mathilde devenait calme et sereine ; enfin, je pouvais la toucher sans l’agresser. Elle réclamait le sein de sa mère et pendant son repas, la conversation a permis de mettre des mots sur ce qui s’était passé.

Mathilde a réalisé sa capacité de réaction dans des situations difficiles, et sa confiance en son corps dans ces moments-là. Sa maman a compris qu’elle n’était en rien responsable de tout ce qui était arrivé.

J’ai apprécié ce travail et je remercie les parents de m’avoir ouvert cet espace d’amour pour que le traitement puisse être efficace.

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Ostéopathie autour de la prime enfance et de la grossesse (1).

La grossesse, le travail et la délivrance sont des évènements physiques à la fois pour la mère et l’enfant.

L’ostéopathie est un art de médecine manuelle qui possède un potentiel pour traiter les problèmes physiques associés à ces événements.

Essayons de comprendre pourquoi.

Selon un principe ostéopathique de base, le corps humain ne peut pas fonctionner normalement si même une de ses infimes parties, n’est pas correctement structurellement constituée.

De la même façon le corps travaillera toujours pour retrouver de façon autonome son état de santé initial.

Tous les événements importants survenus au cours de nos vies, qu’il s’agisse de traumatismes physiques ou psychiques, de maladies graves, de traitements médicamenteux importants, sont inscrits sous forme de mémoire et/ou de contraintes à l’intérieur de notre corps.

La plupart du temps le corps s’adapte à la plupart des stress qui lui sont imposés sans manifester aucun symptôme. Cependant, après un temps plus ou moins variable, ou bien après une accumulation des différents stress imposés, il ne peut plus s’ajuster et des symptômes peuvent alors apparaître.

Cependant la cause originelle du problème peut être survenue un long temps auparavant. La naissance, une chute ancienne, par exemple, sont des événements qui engrènent un stress dont la symptomatologie peut apparaître beaucoup plus tard dans la vie.

Nous allons considérer la grossesse, le travail et la délivrance et examinons comment le corps est capable de s’adapter et ce qui arrive lorsqu’il ne le fait pas.

Ce sera le thème de trois articles à paraître.

 

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