Troubles de stress post-traumatique

Anabela – 50 ans – souffrance de dysménorrhées et de dyspareunie

Au premier contact, Anabela donne l’impression d’envahir l’espace, tant elle est solaire, et en même temps, celle de ne pas exister, tant ses yeux sont l’expression d’une détresse. Elle est comme un petit animal figé devant une agression inévitable, le regard implorant de l’aide.

Ses douleurs, pelviennes et périnéales, sont terriblement invalidantes au moment des règles. Aucune vie sexuelle n’est possible sans souffrance ce qui engendre blocage et refus, sensation d’être violée lors des rapports. Sa vie de couple s’est effondrée.

L’évènement traumatique s’est produit vingt ans auparavant : un accouchement torture, aucune anesthésie, une épisiotomie compliquée d’une déchirure périnéale violente recousue à vif, une hémorragie de délivrance suivie d’une révision utérine, toujours sans anesthésie. S’ajoute à cela, une cicatrisation longue et compliquée d’inflammations et de surinfections.

Mes yeux savent immédiatement ce corps tendu comme une lame, la tête rentrée entre les épaules en tension, une démarche d’automate.

Mes mains constatent une sidération des tissus et un figement des liquides dans toute la zone du bassin, polluant l’ensemble du corps.

Émane d’elle,  une extraordinaire envie de guérir.

Le traitement commence : la patiente est en décubitus dorsal, jambes fléchies et pieds à plat sur la table de travail. Nous sommes en accord sur le projet : pas de déshabillage, ni aucun contact avec son périnée. Je prononce les mots qui rassurent et sécurisent. Je suis assis sur une chaise, en face de sa hanche, une main sur le ventre juste en dessous de l’ombilic, l’autre sur la table, paume face au périnée, à environ trente centimètres de celui-ci. Je la regarde en permanence, lui parle régulièrement et lui propose de décrire ce qu’elle ressent. Son corps manifeste de nombreux soubresauts spastiques, ses yeux libèrent les larmes. Le dé-figement commence.

Pendant cet espace-temps, mes mains ont communiqué entre elles, et agit telles celles d’un tisserand de l’invisible, guidées par toutes les réactions au traitement. Le figement a été remplacé par une infusion de santé envahissant progressivement tout le ventre. J’ai pu ensuite connecter cette zone blessée avec les fonctions neurologiques neuro-hormonales et proprioceptives, jusqu’à réinformer le schéma corporel.

Lorsqu’Anabela se relève, elle apparait renaissante et resplendissante, son corps féminin retrouvé, un visage en joie, et je suis gratifié par une merveilleuse reconnaissance.